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Le mariage et le pari

C’est quoi au fond faire un pari ?


C’est décider de miser sur une possibilité en espérant que le hasard, les probabilités et un soupçon de stratégie se mettent de notre côté. Les plus naïfs pensent qu’il suffit d’avoir de la chance. Les plus futés, eux, savent que la chance n’est qu’une façade : derrière, il y a les chiffres, les analyses, les tendances, et surtout… l’incertitude.

Prenons un exemple simple : le soccer, un sport que je connais assez bien. Avant de miser, un vrai parieur analyse tout : la forme des équipes, les statistiques des joueurs, les performances à domicile et à l’extérieur. Il consulte l’historique des confrontations, scrute les blessures, les suspensions, les choix tactiques de l’entraîneur. Bref, il essaie de réduire l’imprévisible à quelque chose de mesurable. Mais au final, qu’importe l’étude et la préparation : quand le ballon roule, tout peut basculer.

Et c’est là que le parallèle avec le mariage devient intéressant.

Parce que le mariage, que vous le vouliez ou non, c’est un pari. En fait, c’est peut-être le pari le plus risqué qui existe, mais aussi celui qu’on romantise le plus. On appelle ça un engagement, une promesse, une union sacrée. Les poètes disent que c’est l’amour, les philosophes parlent de contrat social, les religieux y voient une alliance bénie… Moi, je préfère appeler ça un pari. Parce qu’au fond, c’est exactement ça.

Avant de dire « oui », chacun fait consciemment ou non sa petite étude de terrain. On analyse notre partenaire comme on analyserait une équipe avant une grande finale. On observe son caractère, sa famille, ses fréquentations. On scrute son passé (oui, qu’on le veuille ou non, il compte), on se demande s’il est compatible avec notre avenir. Et puis on se persuade qu’on a trouvé la bonne personne, celle avec qui miser sur une vie commune.

Mais voilà le piège : contrairement au pari sportif, où l’on mise une somme définie, dans le mariage, on mise soi-même. On mise sa jeunesse, son temps, son énergie, parfois sa santé mentale et même son patrimoine. Le mariage n’est pas seulement une promesse d’amour, c’est une mise totale, un « all-in » existentiel.

Et pourtant ironie suprême des millions de gens continuent à s’y lancer chaque année, comme des parieurs invétérés qui savent que les statistiques sont contre eux mais qui misent quand même, par espoir, par foi ou par folie. Peut-être est-ce ça, le véritable charme du mariage : un pari irrationnel dans un monde qui, lui, essaie toujours de tout calculer.

Alors, le mariage est-il un pari perdu d’avance ?


Pas forcément. Mais il faut l’accepter pour ce qu’il est : une prise de risque absolue, sans garantie de gain. Ceux qui y entrent avec l’idée que ça marchera forcément finissent souvent désillusionnés. Ceux qui comprennent qu’ils parient et qu’un pari comporte toujours une possibilité d’échec sont peut-être mieux armés pour affronter les imprévus.

Parce qu’au fond, que ce soit au casino, sur un terrain de soccer ou dans une relation, il y a une règle universelle : si tu ne sais pas gérer la défaite, ne mise pas.

Certains diront que je suis un peu trop rationnelle, trop lucide, presque froide. Mais je pense que c’est nécessaire de se poser les bonnes questions avant de plonger tête baissée. Parce qu’entre nous, combien de mariages explosent simplement parce que personne n’a osé réfléchir avant ? On préfère se laisser porter par le coup de foudre et les papillons dans le ventre, mais le matin après la fête, c’est la vraie vie qui commence. Et la vraie vie, croyez-moi, n’est pas toujours Instagrammable.

Attention, attention : je crois en l’amour. Oui, j’y crois. Mais j’y crois avec un « mais ».
Ce petit « mais » qui reste collé à la fin de chaque phrase comme une tache qu’on n’arrive pas à effacer. Peut-être que ce « mais » est ma façon de me protéger, peut-être que c’est ma lucidité, ou peut-être que c’est ma peur déguisée en sagesse.

Qui sait ? Peut-être qu’un jour, ce fameux « prince » viendra effacer ce « mais ».
Ou peut-être qu’il ne viendra jamais, et que je finirai par comprendre que le prince n’existe pas et qu’il n’est qu’une projection, un idéal construit par les contes et les films romantiques. Après tout, le « prince charmant » n’a de charmant que son costume ; en réalité, il ronfle, il oublie de sortir les poubelles et il peut aussi briser un cœur comme n’importe quel autre.

Mais si ce « mais » existe, c’est parce que l’amour, tel qu’on le conçoit, est un terrain miné. Alors oui, j’attends peut-être encore ce « prince », mais je me demande si le véritable pari, ce n’est pas d’apprendre à effacer ce « mais » soi-même, avant même que quelqu’un d’autre essaie. Parce qu’au fond, le mariage, comme l’amour, ne devrait pas être une quête de sauvetage, mais une rencontre entre deux personnes déjà debout.

Et si, finalement, l’amour n’était qu’une illusion collective ?


Un mirage qu’on poursuit tous parce que depuis l’enfance, on nous a programmé à y croire. Les contes de fées, les films, les chansons, même les publicités nous vendent ce scénario : « un jour, tu rencontreras la bonne personne, et tout prendra sens. » Comme si notre vie n’avait pas de valeur tant que ce fameux autre n’était pas entré dans le décor.

Mais soyons honnêtes deux minutes : combien de personnes vivent malheureuses, prisonnières d’un mariage, simplement parce qu’elles ont confondu le « besoin d’aimer » avec le « besoin de combler un vide » ? On ne cherche plus forcément à aimer, on cherche à se réparer à travers l’autre. Et là, on transforme le mariage en hôpital des âmes blessées. Problème : personne ne sort indemne de cette salle d’attente.

Peut-être que le plus grand mensonge autour de l’amour, c’est de nous faire croire qu’il doit durer pour toujours. Rien, absolument rien dans la nature, ne dure éternellement. Les saisons passent, les fleurs fanent, même les étoiles meurent… Mais nous, petits humains fragiles, on se persuade que deux êtres, avec leurs blessures, leurs caprices, leurs contradictions, vont rester liés à vie sans jamais se détester. Avouez que c’est ironique.

Alors je me dis parfois : peut-être que l’amour, ce n’est pas un contrat à vie, mais un présent à savourer tant qu’il existe. Peut-être que c’est un pari qu’on doit accepter comme un feu, magnifique quand il brûle, dangereux quand on essaie de le retenir trop longtemps.

Mais évidemment, ce discours ne plaît pas. La société préfère vendre des mariages de princesse, des photos avec des sourires figés et des alliances qui brillent plus que la vérité. L’industrie du mariage vaut des milliards, mais l’industrie du divorce aussi… c’est dire si le pari est rentable, au moins pour certains.

Moi, je reste avec mon « mais ».
Pas parce que je suis cynique, mais parce que je crois que l’amour mérite mieux que les illusions. Il mérite d’être vu pour ce qu’il est : un risque, une fragilité, une aventure qui peut très bien échouer. Et peut-être que c’est justement parce qu’il est fragile qu’il est beau.

Alors oui, le mariage est un pari. Et comme tout pari, il y a des gagnants… mais surtout beaucoup de perdants. La différence, c’est que dans un casino, tu perds ton argent. Dans un mariage raté, tu peux perdre ton temps, ta santé mentale, ta joie de vivre, et parfois même ton identité.

Mais c’est peut-être aussi ce qui fait la beauté du mariage : accepter de s’engager dans l’incertain, en croyant au meilleur. Oui, c’est un pari risqué, parfois insensé, mais profondément humain. L’amour ne garantit rien, il n’efface pas tout, mais il peut transformer deux vies si chacun choisit de venir entier, et non pas brisé, dans cette aventure.

Alors avant de dire « oui », pose-toi cette question : suis-je en train de choisir un véritable partenaire de vie… ou de parier ma vie sur un partenaire ? Parce qu’au fond, le pari le plus précieux n’est pas de miser sur l’autre, mais d’oser miser ensemble — malgré les « mais », malgré la peur, malgré l’imprévisible.

Voilà 😉

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